Poème de Muguette BIGOT,
illustration de Jacqueline PAGE
LE PIQUEUX
Par les sous bois jaunis, tout zébrés de lumière,
Il va dans l'or du soir :
Regard franc, tête haute et silhouette altière
A l'étrange pouvoir
Octobre lui distille, en secret, sous ses mousses,
Son parfum automnal.
Blanche sente, herbe rase et bruyère sont douces
Au pas de son cheval.
Un cœur solognot bat, sous l'habit écarlate,
Du rythme des forêts.
Leur âme a pris son âme, et son amour éclate
Sur chacun de ses traits.
La douceur du silence un instant le pénètre,
Le retient en ce lieu,
Et, comme à St Hubert, lui découvre, peut-être,
La présence de Dieu.
Mais la chasse l'appelle et sera la plus forte !
Il fonce vers Herbault !
Et l'on croirait soudain que sa monture porte
Une aile à son sabot.
A l'heure où le couchant vient effeuiller ses roses,
Il sonne l'hallali . . .
Et puis sa trompe annonce au sein des choses
Que tout s'est accompli.
Au dessus de Neuvy passent – tristes, si tristes, -
Sa plainte et ses sanglots
Qu'elle semble pleurer, sous les cieux améthystes,
Les morts du vieil enclos.
Sonne ! Sonne "Piqueux" ! . . . la lune sur la lande,
Stylise les décors . . .
Aux pays de la nuit, inscris dans la légende
La fin du beau dix-cors.
"Sologne et Poésie"
Grand prix 1969 de l'Académie Française de poésie
Illustration de Jacqueline Page
" Harmonie de Sologne "
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