Charte de Louis, comte de Blois et de Clermont
approuvant une donation à l’abbaye de Froidmont,
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Depuis 1907, une rue de Bracieux
porte son nom. Mais le doute s'est installé chez les Braciliens, n'auraient-ils pas adopté par erreur un "grand homme" qui finalement n'appartenait pas à la famille des seigneurs de Bracieux ?
Il est plusieurs fois cité par
Villehardouin, compagnon de combat, et aussi par Robert de Clari, chroniqueur
de la croisade. Mais Pierre de Bracieux, quoique chevalier, ne fait pas partie
de la haute aristocratie : les détails le concernant sont donc restés dans
l’ombre. Son nom même varie selon les batailles : Pierre de Braiecuel, Pierre de Bracheul … à tel point qu’on a pu
croire qu’il s’agissait de chevaliers différents.
Plusieurs auteurs reconnus (MM.
De Wailly, Paulin-Paris, …) ont affirmé un peu rapidement que Pierre de Bracieux était originaire de la ville de Bracieux (Blésois) car vassal du comte Louis de Blois.
Mais Lucien Vuilhorgne démontre en 1889 toute autre chose : le nom de Pierre,
Bracheul, proviendrait du
village de Bracheux, aujourd’hui
intégré à la commune de Beauvais !
Pierre
de Bracheux, né en 1170, serait en fait le fils de Hugues de Bracheux. Sa mère se
prénomme Mathilde de Breteuil. Il a plusieurs frères et sœurs, dont Hugues qui
l’accompagnera à Constantinople. Il serait donc beauvaisin et non blésois !
De 1201 à juin 1202, il figure
dans plusieurs chartes de donateur notamment à l’abbaye de Froidmont (Oise). On
ne le retrouve ensuite mentionné dans une charte qu’en 1209. C’est donc pendant ces années qu’il prit la
croix à la suite du comte Louis de Blois.
Pourquoi à la suite du comte de Blois ? Louis, comte de Blois et de Chartres est devenu comte de Clermont-en-Beauvaisis, par son mariage avec Catherine de Clermont. « Pierre de Bracheux lui devait donc hommage à cause de ses fiefs de Bracheux et de Merlemont. », villages situés à quelques kilomètres à l’est de Beauvais !
Après ses exploits à
Constantinople, Pierre de Bracheux
revient en France au cours de l’année 1208. Blessé plusieurs fois, épuisé, il
ne vivra pas longtemps. Très croyant, il
effectue avec son épouse Elisabeth, plusieurs donations à des ordres religieux
(abbaye ND de la Roche, Froidmont, …). Il meurt en 1209 sans oublier de léguer des terres à Jean de Chypre, le
fidèle écuyer qui l’a accompagné en croisade. Il laisse une fille Elisabeth et
un fils Gautier.
Il n’aurait donc jamais vécu dans le
village de Bracieux...
Sources :
- Pierre de BRACHEUX, Un héros beauvaisien à Constantinople au début du XIIème siècle, par Lucien Vuilhorgne, Mémoires de la Société académique d’archéologie, sciences et arts du département de l’Oise, 1889 (tome 14).
- Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame de la Roche 1209, édité par Auguste Moutié, Bibliothèque de l'Ecole nationale des Chartes
- Pierre de BRACHEUX, Un héros beauvaisien à Constantinople au début du XIIème siècle, par Lucien Vuilhorgne, Mémoires de la Société académique d’archéologie, sciences et arts du département de l’Oise, 1889 (tome 14).
- Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame de la Roche 1209, édité par Auguste Moutié, Bibliothèque de l'Ecole nationale des Chartes