La Dame des Brumes, par Muguette BIGOT
Elle vient d'accrocher aux branches des buissons
Des tentures légères,
Mais son souffle glacé fait courir des frissons
Aux palmes des fougères.
La feuille rousse pleure et gémit sous ses pas,
Et le fossé sanglote.
Les lueurs du couchant, ce soir, n'atteindront pas
La forêt solognote.
L'eau du ruisseau la fuit, la retrouve en chemin;
Et de ses doigts s'échappe,
Alors que vers l'étang immobile, sa main
Descend comme une chape.
Sur son passage lent, l'oiseau baisse la voix
Et la fleur semble morte.
L'écureuil n'ose plus jongler avec les noix
Sur le seuil de sa porte.
Le bûcheron hésite au cœur du carrefour . . .
Tourne en rond . . . puis écoute . . .
Le cri d'une vachère ou celui d'un pastour
Le remet sur sa route.
Dans la lande déserte où s'installe la nuit,
Nul falot ne s'allume . . .
Fidèle à son destin, la Dame s'en va, sans bruit,
Brume parmi la brume.
Et le vent qui soulève en remous indiscrets
Les longs pans de son voile
Emporte en chuchotant son rêve et ses secrets
Jusqu'aux cieux sans étoiles.
Muguette BIGOT
Sologne et poésie
Illustration Jacqueline PAGE
" Harmonie de Sologne "
Un poème transmis par D.E.
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