Monsieur Hippolyte, instituteur à Bracieux dans les années 1920
Témoignage de Guy Doireau
Après quelques années passées
dans ce cours, ... je fus admis dans la première
classe de notre école de garçons (les filles étaient séparées à cette époque).
Mon nouveau maître Monsieur Hippolyte, qui occupait aussi la fonction de
directeur, m’accueillit avec bienveillance lors de la rentrée.
Dès nos premiers contacts, je
ressentis beaucoup de confiance et de sympathie venant de cet homme, pénétré de
son métier, et que je rencontrais chaque jour pendant les récréations. Son
abord agréable, sa tenue soignée, toujours vêtu de sa blouse blanche immaculée,
nanti d’une chevelure fournie et d’une moustache qu’il retroussait entre deux phrases,
tel était le portrait de mon nouvel instituteur. Je me retrouvais au milieu de
camarades d jeux, dans cette classe où régnaient cependant quelques fortes
têtes que Monsieur Hippolyte tentait d’intéresser à son enseignement, souvent
en vain. Malgré son obstination, il se résignait ans l’attente d’une nouvelle
matière plus accessible à ces élèves difficiles. Son enseignement, sa capacité
à nous communiquer son savoir m’inspirait toujours beaucoup de curiosité, et
j’avais plaisir à l’écouter. L’histoire en particulier, dont il nous faisait
comprendre l’évolution à travers les siècles, me captivait souvent, son talent
oratoire pour évoquer les grands hommes apportait toujours une certaine émotion
dans ses discours.
Notre emploi du temps à l’école
primaire n’avait rien de commun avec celui que nous connaissons
actuellement : le lundi, mardi, mercredi étaient jours d’école, le jeudi
repos, et le vendredi et samedi terminaient la semaine des écoliers.
Monsieur Hippolyte était un homme sensible et bon,
fier de son métier, et fier aussi de la réussite de ses anciens élèves qui,
après le certificat, poursuivaient leurs études secondaires. Il ne manquait
jamais, en fin d’année scolaire, de nous communiquer la distribution des prix
du collège Augustin Thierry, où deux anciens avaient obtenu le prix d’excellence.
Chaque matière donnait lieu à la
citation, et on entendait comme une litanie : « Premier prix de … Charenton Jean », dans plusieurs matières,
suivi dans une autre classe par « Pichereau
Robert … », cité également à plusieurs reprises.
Cet inventaire, destiné à
encourager la classe, faisait figure d’exemple, et lui apportait une grande
satisfaction en fin de carrière. Il n’en manifestait aucun orgueil, mais il
était heureux d’avoir contribué à la réussite de ses élèves.
Source : La Belle Enfance, Guy Doireau, 2012, publié avec l'autorisation de sa fille
Commentaires
Enregistrer un commentaire