Marie Thérèse LECOMBLE n’est pas
restée longtemps à Bracieux : de 1838 à 1840 pour s’occuper des demoiselles
mais elle va être l’objet de nombreuses discussions …
Institutrice à Veuves, elle arrive
à Bracieux, juste après avoir obtenu son Brevet
de Capacité. Elle exerce rue du Gué des Tanneries. L’inspecteur PRAT parle d’elle
en des termes élogieux : « Cette
institutrice qui vient d’être brevetée par la nouvelle commission d’examen
instituée conformément à l’ordonnance du 23 juin 1836, a fait preuve d’intelligence
et de capacité. On ne peut que voir avec plaisir cette nouvelle école où les
filles trouveront non seulement à s’instruire, mais encore à s’exercer aux
travaux de leur sexe »
Pourtant elle se trouvera très
vite au cœur de prises de positions virulentes :
Tout d’abord, avant d’être
institutrice, elle était sage-femme. Or, elle a poursuivi ce métier en
parallèle dès sa prise de fonction. Elle
se justifie en mai 1839 : « Je
réponds à cela que depuis six mois que je me livre à cet exercice, je ne me
suis absentée que pendant cinq séances non consécutives à quoi j’ajouterai que
mes classes n’en avaient pas moins lieu. Quant aux accouchements, l’humanité et
la philanthropie loin de m’en interdire l’usage m’en prescrivent l’obligation.
Refuser les secours de mon art à ceux qui souffrent et qui les invoquent serait
plus que de la cruauté...» Le rectorat jugeant totalement incompatibles
les deux fonctions, lui demandera de choisir. Elle opte pour le statut d’institutrice
« plus favorable » pour
elle.
Ensuite, la loi sur la séparation
des sexes à l’école, votée en 1833, n’était pas applicable à Bracieux jusqu’alors
puisqu’il n’y avait qu’une seule école. L’instituteur, Nicolas TRINQUESSE, accueillait
donc quelques filles mais maintenant que Mme LECOMBLE est institutrice, Bracieux
se retrouve avec deux classes mixtes! Mais, par ailleurs, l’école tenue par
Mlle LECOMBLE est privée, alors la loi s’applique-t-elle? Après plusieurs
échange de courriers, le Préfet tranchera : la loi s’applique à toutes les
classes, qu’elles soient publiques ou privées. L’école privée n’accueillera
plus que les filles et la classe de M. TRINQUESSE, que les garçons.
Enfin, si la mairie a demandé à Mme
LECOMBLE d’accueillir gratuitement une douzaine de filles indigentes, l’indemnité
correspondante reste affectée en totalité à l’instituteur Nicolas TRINQUESSE !
Il faudra que l’institutrice dépose une réclamation auprès du Préfet et
plusieurs courriers de celui-ci intimant l'ordre à la mairie de partager la
rente de 200f établie au profit des enfants pauvres entre les deux instituteurs.
Faut-il faire un lien entre la lenteur de la procédure et la fonction de secrétaire de mairie de l’instituteur
Nicolas TRINQUESSE ??
On peut comprendre que Mme
LECOMBLE ait ensuite jeté l’éponge car elle n’apparaît plus dans les archives …
- Archives municipales (correspondances)
- Rapport général sur l’état de l’instruction
primaire dans le Loir-et-Cher pendant l’année scolaire 1837-1838, aux ADLC,
transcrit par M. Lefresne et publié ici avec son autorisation
Commentaires
Enregistrer un commentaire