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1671 : AVIS DE TEMPETE

L'église avant les travaux d'agrandissement - XIXe siècle


21 septembre 1671 ..le curé MARAY raconte la tempête.









Le samedi dix huitième jour du présent mois de septembre mil six cent soixante et onze sur les six, sept à huit heures du soir, la lune éclipsa totalement  et le vingt un du même mois, feste de St Mathieu, sur neuf à dix heures du soir du lundi au mardi, siffla une si horrible tempeste que depuis les grands vents de la St Nicolas, on n’avait rien vu, ny ouy de semblable, à ce que disent tous les enciens du peyes. 
Moi qui suis dans la soixante trois [ème année] de mon âge, suis de l’avis général, car on ne parle que de boulleuversement d’églises, clochers, chateaux, maisons fortes, les vignes prest à vandanger toutes ravagées, tous les raisins par terre et si peu qu’il resta de bon, ce vin fut de peu de valeur. 

Et ce qui est tout à fait remarquable pour Bracieux, c’est que l’église qui est des plus en disgrâce de tout le pays, estant à la mercy de tous les vents comme au milieu des eaux, fut des moins endommagées de toute la comté de Blois par un trait de la providence divine car selon toutes les apparences humaines elle devoit estre renversée par terre, si cinq ou six mois auparavant je n’eus fait abatre un gros ormeau à demy mort qui est à dix ou onze pas du coin de l’église du costé du jardin de la cure qui était d’une grosseur prodigieuse avec entre autres deux grosses branches en forme de fourche qui étaient chacune plus grosses que des tonneaux, toutes panchées sur le coin qui est après tout, crevassé depuis le bas jusqu’au haut, tellement que cet arbre venant à tomber, lequel pesoit plus de trente à quarante pièces de vin. Avec l’orrible impetuosité du vent et de la foudre, c’eust infailliblement abattu le coin de l’église sur lequel estoient les deux tirans, sur lesquels tirans où sont les deux seuls montants qui portoient tout le clocher lequel estant par terre. 

Ce vent qui venoit du costé de la basse Solerre [sud ?] trouvant ouverture se fut entonné dans l’église qui eut renversé ou emporté toute la couverture comme il fit en plusieurs lieux, notamment à Orléans, nos trois autels posés depuis dix ans, le tabernacle depuis deux, estoient entierement perdus. Sept ou huit mille francs n’auraient pas pu suffire à réparer toutes les ruines et dégats qu’un méchant ormeau eust fait pour lequel un seul homme nommé François Bourguignon fit beaucoup à ? à sa confusion ainsi soit louée à jamais la divine providence de m’avoir inspiré de faire abatre le ormeau avant que comme le cheval de Trois qui fut la ruine de ce pays, cet arbre eust aussi estié la ruine de nostre eglise,

fait ce jour et an dessus.


Maray

Source Registre paroissial 1671-1681 (archives départementales)

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