Un livret jauni découvert dans les archives de la mairie, c'est un Livret de placement à la campagne des enfants de 12 ans .... une nouvelle "enquête" démarre : Rosalie, enfant trouvée.
 |
| Hospice des Enfants Trouvés |
Le bébé a-t-il été « exposé »
dans la rue ou dans le Tour de l’hospice
(le dispositif d’abandon anonyme), a-t-il été ramassé par les gendarmes, a-t-il
été envoyé par un hôpital dépourvu de nourrice ? Tout est imaginable. Rosalie
fait partie des 7 000 enfants trouvés ou abandonnés du département de la
Seine en 1831. Elle est enregistrée sous le matricule 2819.
L’Hospice des Enfants Trouvés ou Assistés (maintenant Hôpital
Saint-Vincent de Paul) est probablement une grosse structure : les
nourrices employées sur place pour les nouveau-nés ont occupé parfois 500 lits ! Pourtant la mortalité infantile y est forte : 60% en 1850.
Comment s’est passé l’enfance de
Rosalie ? Aucun témoignage ne nous est parvenu. Nous savons seulement qu’elle a
été baptisée "en la Chapelle de la maison d’accouchement".
 |
| Collier en os- AD Aisne |
- De 0 à 6 ans, les enfants sont mis en nourrice. La rémunération est complétée par une layette de l’hospice. Rosalie a probablement porté, jusqu’à ses 6 ans, le traditionnel collier en os inamovible, avec son matricule gravé sur la médaille, collier qui évite toute fraude ou toute substitution d’enfants.
- - A 6 ans, les enfants trouvés sont « mis en
pension chez des cultivateurs ou des artisans. Le prix de la pension décroîtra
chaque année jusqu’à l’âge de douze ans, époque à laquelle les enfants mâles en
état de servir, seront mis à la disposition du ministre de la marine. »
(article 9 du décret).
 |
| Livret de Placement de Rosalie |
- - "Les enfants ayant accompli l’âge de douze ans,
desquels l’Etat n’aura pas autrement disposé [dans la marine], seront autant que faire se
pourra, mis en apprentissage ; les garçons chez des laboureurs ou des
artisans ; les filles chez des ménagères, des couturières ou autres
ouvrières, ou dans des fabriques et manufactures." (article 17 du décret).
LLe 15 sept 1843, à 12 ans, Rosalie reçoit donc son Livret de placement à la campagne. Et c'est encore un changement de vie !
LLe 15 sept 1843, à 12 ans, Rosalie reçoit donc son Livret de placement à la campagne. Et c'est encore un changement de vie !
C’est par l’intermédiaire du
sieur BERRY, Préposé de l’administration à Blois que, le 1er octobre
1843, Rosalie arrive à Saint-Aignan (41), chez le sieur Mouzé Silvain et
Fauchère Anne. Silvain Mouzé est journalier. Le 15 décembre 1843, le couple s’engage
devant le maire à « prendre
soin de l’Elève, lui faire apprendre son état, à lui faire faire sa 1ère
communion et à l’habiller ». En échange, ils perçoivent 50 francs en
février 1844.
Rosalie a 12 ans, elle devient la
domestique du couple. Elle ne perçoit aucune rémunération mais elle est nourrie, blanchie jusqu’à sa majorité à 25 ans. La famille est ensuite censée lui fournir un
trousseau et éventuellement lui servir un salaire s’ils la gardent à leur
service.
On notera que les noms du couple
sont mal orthographiés dans le livret de Mélanie, avec même une erreur sur le
prénom de la femme. Ils se nomment en fait MOUZAY Silvain Sébastien et FAUCHERE
Silvaine Jeanne. Au moment de l’arrivée de Rosalie, ils ont 35 ans et pas
d’enfant. Ils se sont mariés 10 ans plus tôt à St Aignan. Lui, bucheron à
l’origine, est par la suite devenu journalier. Quelques mois après l’arrivée de
Rosalie, un fils, prénommé Silvain comme son père, naît dans la famille MOUZAY.
Comment Rosalie, qui a déjà connu
au moins 2 familles d’accueil, vit-elle ce nouvel environnement ? Difficile
de le savoir... Maigre consolation pour elle, à
St-Aignan, elle n’est pas seule dans sa situation : nombreux
sont les foyers qui accueillent des « enfants trouvés », des
« enfants de Paris » ou des « enfants de Blois », placés ou en nourrice. Au-delà de 14 ans, s’ils
ont survécu, ils sont tous domestiques
ou apprentis…
Mais, elle ne restera pas longtemps
chez les MOUZAY. A suivre …
Commentaires
Enregistrer un commentaire