L'Association amicale des
jeunes filles de Bracieux, conduite par Mademoiselle Piau, institutrice a rédigé du 6 décembre 1914 au 16 février 1919, un journal à destination des soldats du front. Outil de transmission des nouvelles entre Braciliens et poilus, tous les 15 jours, ces journaux étaient rédigés puis ronéotypés. Ils ont été re-découverts par M. Faucheux, ancien maire, qui en a fait don à la commune.
N° 1 Dimanche
6 Décembre 1914
L'Echo de Bracieux
Braves soldats de France, soldats de
"chez nous" cette feuille est pour vous. Elle vous donnera des
nouvelles de vos camarades, de votre pays; elle portera les vœux ardents de
tous pour la victoire de la France; elle vous dira notre admiration pour votre
courage et notre pitié pour vos souffrances. Puisse-t-elle vous distraire
là-bas, vous porter un peu de bonheur et vous faire sentir qu'au pays, ceux que
vous avez laissé pensent à vous.
Tout d'abord, c'est avec admiration que
nous avons vu s'effectuer la prompte mobilisation. Tous, vous avez compris
votre devoir, tous vous avez accepté avec enthousiasme la noble tâche que vous
avez à remplir. Naturellement, tous les êtres chers que vous laissiez au pays
étaient plongés dans une profonde tristesse; mais au bout de quelques jours il
a fallu penser aux autres. De nombreux émigrés, venus du Nord, traversaient
tous les jours notre pays et, les voyant plus malheureux que nous, nous avons
oublié un instant notre peine pour soulager leur misère. C'est alors que la
municipalité a fait une souscription pour les blessés qui a produit une somme
s'élevant à près de six cent francs partagée entre les différents
hôpitaux.
Le
conseil municipal a ensuite voté un crédit alloué à la Société Amicale des
jeunes filles de Bracieux afin que pendant les mois d'Août et Septembre, elles
travaillent à la confection de vêtements pour les pauvres de la commune,
spécialement pour les familles des mobilisés et pour les émigrés. Quelques
personnes charitables ont aussi apporté leur obole.
Maintenant
nous travaillons pour vous. Les fillettes de l'école pensent aussi à vous. Les
grandes et les petites, toutes se sont cotisées pour acheter du tabac et du
chocolat pour le "Noël des soldats". Le montant des cotisations s'est
élevé à la somme de 38 f 75.
Le
château de Villesavin est transformé en maison de convalescence. 10 soldats y
ont séjourné pendant un mois; d'autres y sont attendus.
Voici maintenant des nouvelles de vos
camarades :
Morts
au champ d'honneur :
MMrs Marius
Chamteloup, revenu du Maroc pour aller au feu, est mort à Chartres des suites
de ses blessures. Ses obsèques ont eu lieu à Bracieux - Mr
Châtel, instituteur, frère de Mme Cortambert, mort en Argonne - Marcel
Lépine - Gatesoupe
jardinier à Villesavin
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Blessés
M. Mr.A. Lonqueu, blessé au bras
R. Loury, blessé à la cuisse
S. Frou, blessé au bras
René Billot blessé à la jambe
Albert Guillaume Fizel à la tête
E. Pilboue, blessé à la tête
Le fils Masson, blessé dans les reins
Faisan, blessé au cou et à l'épaule
René Bonneau, blessé deux fois
Tonini, blessé deux fois, la deuxième fois
grièvement à la tête
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Henri Fauconnier, blessé à la main
Henri Lorjou , blessé aux deux jambes
Mr Charbonnier (gendre de Mr Bazelard) à la cheville
Henri et Léon Martineau, l'un au pied et
l'autre
au bras
Albert Himbert blessé à la jambe
Malades
Fièvre thyphoïde Armand Lonqueu
Maurice Fizel
Rhumatismes Bernard
Lefebvre
René
Bridier
Mr
Gaveau facteur
Embarras gastriques Henri Leguyard
Tous vont mieux
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Prisonniers. M.Mrs Edmond Pillerault, blessé et prisonnier –
Gaston Guerrier – Louis Garnier – Rancien – René Ribriou - Henri Sausset –
Raoul D'Assis, de la Ravinière – René Aubineau a été blessé en s'évadant. Il
est revenu à Bracieux où il a raconté ses exploits.
Disparus – M. Mrs Fernand Serveau – Simon, menuisier – Mitaine
Himbert de Mont – Olivier Petit et G. Jamet de Fontaines.
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Engagés
volontaires – M.Mrs Henri
Beauchet, actuellement à Vincennes. Roger Ribrol, dans les chasseurs d'Afrique
au Maroc.
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Citations
à l'ordre du jour – M.Mrs Jean Ribrol a
ramassé des blessés sous la mitraille. Rodolphe Rouvet, de Neuvy, après avoir
brulé, étant seul, plus de cent cartouches, a emporté, sur son dos, sa
mitrailleuse , démontée en trois pièces.
Sources :
- Archives municipales
- Dossier Denis Enters