Louise-Pauline Bagoulard est née le 14 avril 1830, à 4h de
l’après-midi, au domicile de ses parents. Ses parents, Madeleine et Louis, ont
déjà 27 ans. Il faut dire qu’ils se sont mariés tard, à 24 ans. C’est anxieux
qu’ils se penchent sur la petite car ils ont déjà perdu une petite fille à
l’âge de 15 jours, l’année passée. La vie n’est pas facile, Madeleine est
couturière, Louis est tourneur, comme son père Louis-Nicaise. Ils habitent
Grande Rue à Bracieux.
Le 16 août 1831, c’est la fête à
Bracieux : Jacques Bagoulard, frère de Louis épouse Thérèse Virginie
Guilbert, une cousine de Madeleine. Il faut dire que les familles Bagoulard et
Guilbert sont braciliennes de longue date et le pays n’est pas si grand !
Louis est le témoin de son frère ainsi que Denis Eusice Bry, taillandier, qui a
épousé une Bagoulard. Ce dernier restera très proche de la famille et de
Pauline.
Juste avant les 3 ans de Pauline, le 4 avril 1833, son père, Louis
Bagoulard meurt, en sa maison de Grande Rue. Il n’a que 31 ans. Madeleine se
retrouve seule avec la petite fille.
2 ans plus tard, le 2 juillet
1835, encore un malheur, sa mère, Madeleine, s’éteint chez elle, à 32 ans. Pauline est orpheline à 5 ans.
Qui la prend en charge ? Ses
grands-parents paternels sont décédés depuis 1829. Son oncle Jacques Bagoulard ?
Il a 29 ans, est marié avec Thérèse Virginie, lui est charron, elle est femme
de chambre à Villesavin. Ils ont une fille Albertine, de 2 ans plus jeune que Pauline. Mais ce ne sera pas lui. Il
reste la grand-mère maternelle, Marie Guilbert, née Bergeron. C’est probablement elle, à 58 ans, qui
recueille l’enfant.
Pauline vit avec sa grand-mère, Marie, pendant une
douzaine d’années. De couturière, la grand-mère devient cabaretière. Son
enfance à Bracieux est probablement l’enfance classique des enfants d’origine
modeste, entre jeux et aide des adultes. Ecole, peut-être, on ne sait pas. Une
partie de la famille est d’ailleurs illettrée, ni Louis, son père, ni Jacques
Bagoulard, son oncle, ne savent même signer.
En quelques années, la famille proche de la fillette se réduit, car les décès s'enchaînent :
- - En 1841, sa tante, Thérèse-Virginie, femme de
Jacques Bagoulard,
- - En 1846, son grand-oncle Etienne Guilbert qui a
toujours été présent pour elle,
- - En mars 1847, sa cousine Albertine qui n’a
que 13 ans,
- - Enfin en novembre 1847, sa chère grand-mère,
Marie. Elle avait 70 ans. C’est Denis Eusice Bry, menuisier à Bracieux, qui en
fait la déclaration à la mairie.
Pauline a 17 ans, plus de famille proche, mais quelques biens. Il
faut la marier ! Elle est confiée à des cousins blésois. Elle a pour
tuteur Denis Eusice Bry, maintenant quincaillier à Bracieux.
Le 20 février 1848, elle épouse
Victor Auguste Poulain à Bracieux.
Coup de foudre, mariage arrangé
ou mariage d’intérêt ? Ce qui est sûr c’est qu’ils se comprennent. Tous
deux ont eu une enfance difficile, tous deux sont courageux et travailleurs.
Victor Auguste est un homme décidé. Il faut dire qu'il travaille depuis l'âge de 9 ans. Il a ouvert son propre commerce à Blois, à l'âge de 22 ans seulement, grâce à ses économies (1800 francs).
Le jeune couple n’habitera jamais
à Bracieux. Pauline tient la
boutique blésoise, 68 Grande Rue, Victor Auguste fabrique confiseries
et chocolat. Peu de temps après le mariage, Pauline vend sa maison de Bracieux, rue Basse (maintenant rue de la
mairie), à Jacques François Aguenier, tuilier. Grâce à ses quelques biens, elle
aide son mari à se lancer dans l’aventure du chocolat…
L’histoire raconte que c’est Pauline qui conseilla à son mari de
donner son nom au chocolat. Innovations techniques, mode de vente, publicité
comparative, marketing, … le couple regorge d’idées pour son chocolat.
En décembre 1849, une petite
fille, Augustine, est née. Pour la déclaration, Victor Auguste sera accompagné
à l’état-civil de M. Delagrange, épicier à Blois, chez qui il avait travaillé à 11-12 ans. La famille s’agrandira ensuite avec Albert, le 6
février 1851, celui qui prendra la suite de son père à la direction de l’entreprise,
puis c’est l’arrivée d’Eugénie le 29 septembre 1855.
En 1862, c’est le lancement de la
construction de l’usine La Vilette. L’objectif est d’industrialiser la
fabrication du chocolat pour en réduire le coût de revient et, le rendre
accessible à tous. Quelle revanche sur la vie pour Auguste et Pauline !
Mais Pauline n’en profitera pas longtemps : le 3 juillet 1864, elle
décède, en son domicile de la rue Porte Chartraine à Blois. Elle n’a que 34
ans.
Sources :
- Archives municipales de Bracieux
- Archives municipales de Blois